1995 Toubon envoie un dossier RPR aux oubliettes judiciaires.

Un dossier lié à l’enquête sur les HLM de Paris a été, en toute discrétion, enterré   en juillet 95 mais l’affaire n’a été dévoilée qu’en septembre. Le procureur de Paris, Bruno COTTE classait sans suite une affaire de « détournement de fonds publics » découverte par le juge Halphen et qui mettait en cause l’entourage de Chirac, président de la République.

En février 95, le magistrat de Créteil avait découvert que l’un des permanents RPR de Corrèze, Philippe Ceaux, était en réalité payé par la Mairie de Paris sous couvert d’un contrat de « chargé de mission ». Pour Halphen, cette facétie ressemblait fort à un « détournement de fonds publics » voire à un « faux en écriture publique ». Des délits qui peuvent coûter jusqu’à dix ans de prison.

C’est en perquisitionnant au siège du RPR à Tulle que le juge était tombé sur des fiches de paie de Philippe Ceaux à en-tête du cabinet du maire de Paris. Et le contrat de travail, daté de 1990, avait été paraphé par Michel Roussin alors directeur de cabinet de Chirac.  Rémy Chardon, le successeur de Roussin, était lui aussi de la fête, ayant signé un avenant au contrat daté de 1994.

Secrétaire départemental adjoint du mouvement chiraquien, Ceaux passait en fait toutes ses journées à Tulle et Paris payait.

La découverte du magistrat devait semer un certain émoi : une perquisition au cabinet du maire de Paris et c’était une kyrielle de mises en examen.

TOUBON s’est employé fissa à désamorcer la bombe.

On a commencé par refuser sèchement au juge trop curieux l’autorisation de poursuivre son enquête sur cette nouvelle piste. Motif officiel : cela ne concernait pas directement l’enquête sur les HLM.

Puis le procureur de Créteil, Michel BARRAU, a demandé au juge Halphen de se dessaisir du dossier et de le transmettre au tribunal de Paris. Arrivé sur le bureau du proc de Paris, Bruno COTTE, pas question, bien sûr, d’ouvrir une information judiciaire. Le parquet se contenta d’ordonner une simple « enquête préliminaire » confiée à la brigade financière.

Extincteur magistral.

Après un petit délai de bienséance, pendant lequel la brigade financière était supposée travailler d’arrache-pied, le dernier acte est enfin arrivé en pleines vacances judiciaires. L’enquête préliminaire a été close et l’ensemble du dossier « classé sans suite ».

Enquête pour rire.

« L’enquête a bien eu lieu, toutes les personnes en cause ont été entendues de nouveau par la brigade financière » se défend la Chancellerie. Sauf que, à la Mairie de Paris, on affirme n’avoir jamais entendu parler de cette enquête ni même avoir été contacté. Philippe Ceaux lui-même avouera  n’avoir  jamais été entendu par un quelconque enquêteur …

« Le Canard enchaîné »  n° 3908 du 20/09/95 d’après un art. d’Hervé Liffran.

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