*2010 Prisons : Arbeit macht frei !

Petite devinette. Quel est l’endroit en France où un chef d’entreprise peut faire travailler des gens sans contrat de travail, sans indemnité de chômage quand cesse l’activité, sans congés payés, sans droit syndical, et avec un risque zéro d’avoir une inspection du travail ?

Vous pensez que cela n’existe pas, que pour accéder à un tel eldorado il faut délocaliser en Chine ou en Roumanie. Eh bien vous vous trompez ! Il suffit de vous adresser à l’administration pénitentiaire. Car il est possible d’en profiter dans les 181 prisons françaises.

L’intérêt de cette main d’oeuvre captive n’a bien évidemment pas échappé aux sous-traitants des grandes entreprises françaises telles que Bouygues, l’Oréal, Yves Rocher et bien d’autres … En moyenne, la rémunération des détenus est de … 3 euros brut de l’heure.

Voilà qui fait réfléchir. Les tenants de la régénération par le travail, et ils sont nombreux, vous diront que les détenus qui travaillent en prison se réinsèrent mieux que les autres. Comme le souligne, non sans ironie l’auteur d’une étude sur le travail en prison, « au vu des activités pratiquées, tri d’oignons, conditionnement de parfums, couture, on peut sérieusement douter des atouts du travail carcéral qui s’apparente quelque peu à du travail forcé «  quand on  sait qu’il permet de « cantiner » et d’obtenir des remises de peine. Dans ces conditions allez dire non …

Et ceux qui profitent de cette exploitation des détenus restent discrets. « Pas besoin de le crier sur tous les toits » explique la direction d’Yves Rocher. ..

« Charlie Hebdo »   n° 918  du 20/01/10 d’après Anne-Sophie Mercier.

Pour en savoir plus: « Le travail en prison », de Gonzague Rambaud aux éditions Autrement.

9 Réponses to “*2010 Prisons : Arbeit macht frei !”

  1. MARTIN Says:

    On est bien d’accord, les détenus sont « exploités » par l’administration pénitentiaire et les vilains « capitalistes » qui profitent de la situation. Donc, soit on supprime le travail en prison, soit on leur accorde :
    – le Smic
    – les congés payés
    – les droits à la retraite (pourquoi pas)
    – le droit de grève !
    – la visite de l’inspection du travail (c’est vrai qu’ils sont tellement nombreux!)

    Sérieusement, vous ne croyez pas qu’il serait plus utile de se poser les bonnes questions sur l’origine de la surpopulation carcérale, qui entraîne des situations humaines dramatiques (suicides à la chaîne, mélange de détenus primaires et multi-récidivistes, etc…), et trouver des solutions qui pourraient y être apportées?

    Tant que nous sommes dans les chiffres :

    « Coût moyen journalier d’un détenu (au 1-1-2005): 60 € avec Spip et DR. Le détenu peut être amené à participer aux frais de son entretien (prélèvements maximaux : 30 % du salaire, plafonnés à 45 € par mois). » Source : Quid.fr.

    Ce qui fait : 60 X 30 = 1800 euros / mois.
    Sachant qu’il y avait 68 244 détenus en France en 2009, cela nous fait un coût journalier de : 4 094 640 euros (Quatre millions quatre vingt quatorze mille six cent quarante euros) ,
    un coût mensuel de : 122 839 200 euros (Cent vingt deux millions huit cent trente neuf mille deux cent Euros)
    et par an : 1 474 070 400 euros (Un milliard quatre cent soixante quatorze millions et soixante dix mille quatre cent Euros).

    Mais ça, Charlie Hebdo et Déni de Justice n’en parlent pas……

    • denidejustice Says:

      Eh bien, oui nous sommes pour:
      – le Smic payé aux détenus.
      – les congés payés.
      – la comptabilisation du temps de travail en prison pour le droit à la retraite.
      – le droit de grève.
      – le contrôle des conditions de travail par l’inspection du travail.

      C’est cela la réinsertion par le travail !

      Un détenu déjà condamné par un temps de privation de liberté n’a pas à être condamné une deuxième fois par un travail payé au rabais. C’est une nouvelle sanction sans fondement juridique. Cela s’appelle une double peine : interdit par la loi !

      Ce travail des prisonniers s’apparente au travaux forcés. Car ce sont avant tout les plus pauvres qui sont quasi obligés de travailler pour pouvoir « cantiner ». Exploités en étant sous-payés, ils le sont trop souvent une deuxième fois lorsqu’ils cantinent par des matons voyous qui leur font payer au prix fort un service de cantine qui ressemble à du racket.

      Ce travail mal payé est d’autant plus immonde qu’il profite à de grosses entreprises telles que l’Oréal, Bouygues, Yves Rocher, etc.

      Quant au coût des 68 000 détenus, nous sommes d’accord avec vous (Pour une fois …) ils coûtent chers à la société.
      Mais les bonnes questions les voici:
      1) ne faut-il les imputer à nos gouvernants, incapables de gérer le pays (entassement des populations aux plus bas revenus dans des cités, contrôle du chômage, meilleure répartition des richesses, etc) autant de facteurs générateurs de délinquance.
      2) ne faut-il pas les imputer à une magistrature aux ordres qui incarcère à tour de bras (en préventive notamment) pour satisfaire aux désirs des ministres de la Justice et de l’Intérieur. Les uns et les autres se gargarisant de leurs excellents résultats. Plus d’un tiers des détenus qui sont en préventive et n’ont rien à faire dans les prisons. Et si les gouvernants et juges étaient réellement compétents un autre tiers pourrait être évacué également.

      Vous avez tort de dire que « Charlie hebdo » (tout comme « Le Canard », « Libération » ou encore « Marianne ») ne parle pas de ces sujets. « Le Figaro » un peu … beaucoup moins …
      Et maintenant Denidejustice vient de vous répondre…

    • denidejustice Says:

      Nous avons oublié un détail:

      Nous sommes aussi pour que les voyous qui exploitent actuellement les détenus, après les avoir rémunérés au Smic, s’acquittent des différentes cotisations sociales à hauteur du SMIC !

  2. MARTIN Says:

    UTOPIA , quel beau pays !

  3. Margueritat Claude Says:

    Voilà quelques autres entreprises et marques qui sous-traitent en prison: Bic, Renault, Vania, La Redoute. Les directeurs disent tout ignorer des rémunérations pratiquées et des conditions de travail et s’abritent derrière l’art.103 du Code de procédure pénale qui stipule que « les relations entre l’organisme employeur et le détenu sont exclusives de tout contrat de travail ».
    Donc pas de contrat de travail, ce qui signifie : – 1) pas d’indemnité journalière en cas de maladie, – 2) des difficultés pour faire reconnaître les accidents de travail et ultérieurement les séquelles éventuelles comme les invalidités, – 3) peu de recours possible, 4) pas de congés (encore moins payés), 5) pas d’indemnité chômage.
    En prison on ne s’embarrasse pas avec le droit du travail.

    Pourtant le travail en prison a une énorme importance pour nombre de détenus, qui ont besoin de gagner de l’argent simplement pour vivre en prison ou mieux pour soutenir leur famille.

    Enfin, le travail en prison reste un critère pour obtenir des remises de peinje. Oui « Arbeit macht frei », le travail rend libre plus vite, à condition de se soumettre à ce no man’s land juridique.

  4. MARTIN Says:

    Comment on fait pour prendre des congés en Prison ?

    • denidejustice Says:

      Si vous connaissiez la définition du mot « congé » vous n’auriez pas posé cette question saugrenue.
      Prendre un congé ne consiste pas à prendre son seau, sa pelle et son parasol pour aller à la plage… Mais simplement arrêter de travailler légalement pour une période donnée.
      Un détenu qui travaille doit donc pouvoir bénéficier d’un congé de repos annuel légal et payé par l’employeur.
      Vous assimilez le mot congé à celui de vacances ce qui est une erreur. Actuellement, trop de citoyens prennent leurs congés mais ne partent pas pour autant en vacances faute de moyens.

      Encore un des bienfaits de notre société dont vous vénérez tant les institutions …

  5. MARTIN Says:

    Je ne vénairent rien, ni les institutions, ni la société, et je n’interprète pas les paroles des autres. Contrairement à vous. Bonjour chez vous. Et passez de bonnes vacances à la plage avec votre pelle et vos sots..

    • denidejustice Says:

      Non monsieur Martin, nous « n’interprétons pas les paroles des autres » : nous lisons ce que vous écrivez et ne sommes pas responsables de vos insuffisances quant à la maîtrise de votre langue maternelle.

      Exemple: Vous écrivez « Je ne vénairent rien, ni les institutions, ni la société, et je n’interprète pas les paroles des autres. Contrairement à vous. »
      Cela signifie que « nous vénérons (orthographe corrigée) tout, les institutions, la société et interprétons les paroles des autres », cette proposition traduisant exactement le « contrairement à vous ».

      Ce genre d’incohérence nous aurions pu le relever vingt fois dans vos messages … Nous le faisons ici parce que vous commencez à nous chauffer les oreilles!

      D’autre part nous ne sommes non plus responsables de la stupidité de votre question sur les « congés  » des détenus. Il vous appartenait de réfléchir avant de la poser …

      Mais c’est là votre technique. Quand vous vous sentez acculé et à court d’arguments, vous nous accablez de vos sarcasmes. Juste pour avoir le dernier mot … C’est un comportement infantile !

      Si nous ne vous censurons pas plus souvent, c’est que nous pensons que les internautes sont assez grands pour se faire une juste idée de la pertinence de vos interventions.
      Sachez que depuis que vous intervenez sur ce blog, nous avons dû censurer une cinquantaine de messages vous concernant. Si nous en étions d’accord sur le fond, nous ne pouvions les admettre sur la forme, trop grossière.

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